Le mandat de délégation PDP (ou mandat PDP ou mandat « opt-in ») permet à une entreprise d’autoriser un tiers, le plus souvent son expert-comptable, à désigner et gérer pour elle sa plateforme agréée (PDP). Grâce à ce document écrit et signé, le client confie officiellement à son mandataire la responsabilité de choisir, d’enregistrer et, si nécessaire, de modifier la PDP dans l’annuaire de l’État. Ce mandat devient incontournable. En effet, à partir de 2026, chaque entreprise devra être reliée à une plateforme agréée pour émettre et recevoir des factures électroniques en toute conformité.
Dès lors, comprendre le fonctionnement de ce mandat, ses conditions, ses avantages et les étapes de sa mise en œuvre est crucial aussi bien pour les entreprises que pour les cabinets.
Contexte réglementaire du mandat PDP
Rappel de la réforme de la facture électronique et des PA (PDP)
D’abord, il faut rappeler ce qu’est une plateforme agréée ou PDP. Une PDP est une plateforme immatriculée par la DGFIP pour recevoir, transmettre et acheminer les factures électroniques entre les parties (fournisseurs, clients). La PDP est, donc, tenue de communiquer les informations pertinentes à l’administration fiscale.
Pour ce faire, chaque entreprise devra désigner une PDP, avant 2026, pour recevoir ses factures électroniques. En effet, sans cette désignation, les factures reçues pourraient être rejetées.
Le mandat PDP et le rôle central de l’AIFE
L’AIFE (Agence pour l’Informatique Financière de l’État) pilote la facturation électronique et gère l’annuaire national qui permet d’identifier les entreprises par leur numéro SIREN. Grâce à cet annuaire, les PDP peuvent acheminer correctement les factures, ce qui en fait la véritable colonne vertébrale du dispositif.
Pour que les informations de l’entreprise soient correctement inscrites et mises à jour, il est souvent nécessaire de déléguer cette gestion à un expert-comptable ou à un prestataire. C’est là qu’intervient le mandat PDP : il autorise officiellement un tiers à agir auprès de l’AIFE au nom de l’entreprise. Il garantit ainsi la bonne transmission des factures.
Obligations juridiques et contraintes
Validité du mandat PDP et contraintes légales
Pour être valable, le mandat doit satisfaire à un certain nombre de conditions :
1. Attestation écrite
Pour être valable, le mandat doit être formellement attesté par écrit. Un simple échange verbal ne suffit pas pour conférer les droits nécessaires au mandataire.
2. Définition précise des pouvoirs
Le mandat doit clairement exposer les pouvoirs accordés, notamment la possibilité de choisir, d’enregistrer, de modifier ou de révoquer la PDP. Cela permet d’éviter toute ambiguïté et de sécuriser les actions du tiers mandaté.
3. Durée et modalités de cessation
Il doit définir sa durée, qu’elle soit déterminée ou indéterminée, ainsi que les modalités de cessation : révocation par le client, fin de mission, ou autre condition spécifique.
4. Respect du RGPD
Le mandat doit également respecter les obligations liées au RGPD. Le client doit être informé de la façon dont ses données seront utilisées et donner son consentement pour leur traitement via la PDP.
5. Responsabilité de l’expert-comptable
Dès l’acceptation du mandat PDP, la responsabilité de l’expert-comptable est engagée. Il doit informer, conseiller, exécuter dans les délais et garantir la conformité du choix effectué. En cas de faute (erreur de désignation, retard, mauvaise configuration), le cabinet peut être tenu responsable et doit s’assurer que son assurance couvre cette mission.
Révocation et liberté du client
Le mandat n’est pas figé de façon irrévocable. Le client (l’entreprise) et le mandataire (le cabinet) doivent avoir la possibilité de révoquer le mandat selon les modalités prévues dans le document. En pratique, cela peut signifier que l’entreprise peut reprendre la main et choisir directement sa PDP ou changer d’intermédiaire si elle le souhaite.
De même, l’expert-comptable doit, s’il le décide, pouvoir changer la PDP si les conditions techniques ou réglementaires l’exigent, sous réserve que ce pouvoir soit expressément prévu dans le mandat.
Archivage et traçabilité
Il est indispensable de conserver une trace écrite et datée de chaque mandat, ainsi que des échanges relatifs à la désignation ou au choix de la PDP. En cas de contrôle ou de litige, cette traçabilité servira de preuve du respect de la démarche réglementaire, du devoir de conseil et des engagements pris.
Enjeux pour les cabinets et les clients
Pourquoi une gestion sans mandat PDP est-elle risquée ?
Si aucun mandat n’est signé, chaque client pourrait choisir sa propre PDP, souvent sans coordination avec son cabinet. Cela engendre divers risques, voire même problèmes :
Multiplication des outils et plateformes
Chaque plateforme agréée vient avec ses propres formats, ses API, ses interfaces, ses tableaux de bord. Pour un cabinet, gérer plusieurs PDP simultanément complexifie fortement son l’organisation interne.
Perte de contrôle sur les flux de factures
Sans mandat, le cabinet ne peut pas intervenir efficacement dans la désignation ou le paramétrage de la plateforme agréée du client, ce qui le relègue à un rôle passif.
Risque de non-conformité
Des erreurs de configuration, des doublons, des retards ou des rejets de factures peuvent se produire si les échanges ne sont pas bien orchestrés. Le cabinet ne peut pas anticiper ou rectifier dans ces situations.
Augmentation des coûts internes
La diversité des PDP impose des surcoûts d’intégration, de formation, de maintenance, de support. Un scénario multi-PDP alourdit la charge de travail et les coûts du cabinet.
Affaiblissement du rôle de conseil
Si l’entreprise décide seule quelle plateforme agréée choisir, le cabinet perd une part de sa valeur ajoutée numérique et ne peut plus pleinement guider la stratégie de dématérialisation de son client.
Pourquoi, alors, le mandat PDP est-il avantageux ?
Le mandat de délégation PDP offre des bénéfices importantspour les cabinets d’experetise comptable. En effet, avec cette réforme, les cabinets comptables jouent un rôle central. Ils peuvent transformer une contrainte réglementaire en opportunité stratégique, se différencier, renforcer leur valeur ajoutée et anticiper les ruptures technologiques.
Parmi les avantages concrets du mandat PDP pour les cabinets :
Centralisation des flux
Le mandat permet au cabinet de regrouper tous les flux de factures de ses clients sur une plateforme agréée unique ou maîtrisée. De cette façon, il simplifie la gestion interne et réduit la complexité liée à la multiplicité des plateformes. En conséquence, les équipes détectent plus facilement les anomalies et standardisent les processus de traitement.
Interopérabilité et cohérence
Le cabinet choisit une plateforme agréée compatible avec ses outils et méthodes. Par conséquent, il garantit un écosystème homogène pour tous ses clients. Cette cohérence réduit les erreurs, évite les frictions techniques et facilite l’automatisation des tâches. En outre, les flux deviennent plus fluides et fiables, ce qui améliore l’efficacité globale du cabinet.
Conformité réglementaire facilitée
Le mandat PDP permet au cabinet de prendre en charge les démarches administratives liées à la plateforme agréée et à l’AIFE. Ainsi, il sécurise la conformité des flux et allège la charge de ses clients. De plus, il réduit les risques de rejets de factures ou de sanctions pour non-conformité. Par conséquent, le cabinet se positionne comme un partenaire de confiance pour ses clients.
Optimisation des processus
Le cabinet automatise la réception, l’archivage et la comptabilisation des factures grâce au mandat PDP. De ce fait, il diminue les erreurs humaines et libère les équipes des tâches manuelles. C’est ce qui lui permet de se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée.
Renforcement de la relation client
Le cabinet gère la plateforme agréée pour ses clients et devient un acteur stratégique de leur transition digitale. Par conséquent, il renforce la confiance et valorise ses compétences. En outre, les clients bénéficient d’un accompagnement complet et sécurisé. Cette implication améliore leur satisfaction et fidélise la relation sur le long terme.
Ouverture vers de nouvelles missions à forte valeur ajoutée
Le mandat ouvre la porte à des missions complémentaires, telles que audit des processus, optimisation des flux, formation et conseil numérique. Ainsi, le cabinet élargit son rôle et accompagne ses clients sur toute la chaîne de valeur. En conséquence, il transforme une obligation réglementaire en opportunité commerciale et stratégique.
Mise en œuvre un mandat de délégation PDP : étapes pratiques
Voici une feuille de route progressive pour les cabinets comptables pour mettre en place une stratégie de mandat PDP efficace :


Étape 1 : identifier les clients prioritaires
Le cabinet doit commencer par sélectionner les clients qui seront les plus concernés ou les plus volontaires. Par exemple : ceux qui traitent beaucoup de factures fournisseurs, ceux qui utilisent déjà des outils numériques, ou ceux qui font confiance au cabinet.
Étape 2 : sensibiliser et informer les clients
D’abord, il est essentiel d’expliquer aux clients la réforme, les échéances (2026, 2027), l’obligation de désigner une plateforme agréée, et les risques à ne pas agir. Ensuite, il faut aussi leur faire comprendre les bénéfices d’un mandat PDP : gain de temps, cohérence technique, conformité assurée. Finalement, il faut anticiper les questions, rassurer sur la sécurité des données et la réversibilité du mandat.
Étape 3 : formaliser le mandat
Il faut rédiger le mandat selon un modèle rigoureux. On peut l’inclure dans la lettre de mission du cabinet ou le proposer comme document séparé. L’essentiel est de définir clairement :
- Les pouvoirs donnés (choix, enregistrement, changement de PDP) ;
- La durée ;
- Les modalités de révocation ;
- Les engagements de l’expert-comptable ;
- Les garanties liées aux données personnelles ;
Le mandat PDP doit être signé par le client (numériquement ou physiquement).
Étape 4 : choisir la plateforme agréée
Avant la désignation, le cabinet doit sélectionner une plateforme agréée qui satisfait à plusieurs critères :
- Immatriculation officielle par l’État ;
- Compatibilité avec les logiciels utilisés par le cabinet et ses clients ;
- Interface simple pour le client comme pour le cabinet ;
- Fonctionnalités adaptées (suivi, dashboards, API, sécurisation) ;
- support client réactif ;
- Conditions tarifaires raisonnables ou sans surcoût induit ;
Étape 5 : procéder à la désignation auprès de l’administration
Une fois le mandat signé, le cabinet peut remplir le formulaire de désignation (accord formel) pour inscrire le client dans l’annuaire de l’État. Ce document officiel (qui pourrait être un CERFA – formulaire administratif officiel, pré-formaté et réglementé par l’État français – ou une autre forme validée) contient des informations clés : le SIRET, l’identifiant de la PDP, les modalités de pointage, etc.
La désignation s’accompagne souvent de traitements sécurisés : authentification forte, vérification d’identité, signature électronique, validation par email. Après validation, l’annuaire national est mis à jour et le client peut recevoir ses factures via la plateforme agréée choisie.
Étape 6 : suivre les statuts et gérer les mandats
Il est important de maintenir un suivi rigoureux pour chaque client :
- Statut du mandat (signé, en attente, révoqué) ;
- Date d’expiration ou de renouvellement ;
- Possibilité de changer de plateforme agréée si besoin ;
- Archivage des versions signées ;
- Remontée d’éventuels incidents ou erreurs ;
Étape 7 : anticiper les évolutions et ajuster
La réforme n’est pas figée. Le cadre réglementaire, les spécifications techniques ou les exigences de l’administration peuvent évoluer. Le cabinet doit se tenir informé, adapter ses mandats, ses plateformes agréées, ses outils, et communiquer les changements à ses clients.
Bonnes pratiques et risques à surveiller
Bonnes pratiques
1 – Agir tôt et progressivement : ne pas attendre les échéances légales pour démarrer la démarche, afin d’éviter les rushs ou les erreurs.
2 – Commencer par des clients pilotes : tester le processus avec quelques clients avant de l’étendre à tous.
3 – Standardiser les modèles de mandat : créer un document type clair, simple et conforme aux exigences légales.
4 – Former les équipes internes : sensibiliser les collaborateurs du cabinet aux enjeux techniques, réglementaires et relationnels.
5 – Assurer une communication transparente avec les clients : expliquer les étapes, les droits, les risques, et garder la confiance tout au long du processus.
6 – Documenter et archiver scrupuleusement : garder des traces datées, des versions signées, des échanges, des justificatifs pour chaque client.
7 – Prévoir des plans de bascule ou de réversibilité : permettre au client de changer de plateforme agréée ou de résilier le mandat si besoin.
Risques et points de vigilance
Erreur de désignation : choisir une PDP incompatible ou non immatriculée peut entraîner le rejet des factures ou une non-conformité.
Retard de signature ou de dépôt : manquer les délais réglementaires peut exposer l’entreprise ou le cabinet à des sanctions.
Manque de transparence envers le client : si le client n’est pas bien informé, il peut contester le mandat ou ses décisions.
Défaillance dans le suivi : laisser un mandat non renouvelé, ou ne pas surveiller les statuts, peut laisser un client sans PDP valide.
Problèmes de sécurité des données : si le mandat ou les échanges ne respectent pas le RGPD, le cabinet peut être mis en cause.
Conflit de responsabilité : en cas de litige, le cabinet doit pouvoir démontrer qu’il a respecté son devoir de conseil, ses engagements et ses obligations contractuelles.
Perspectives à l'horizon 2026
Rappel du calendrier de la facture électronique et de son cadre légal
Mandat PDP comme levier différenciateur
Au-delà de la conformité, le mandat de délégation PDP devient un levier stratégique pour les cabinets : ils peuvent structurer leur accompagnement numérique, différencier leur offre, fidéliser les clients et capter de nouvelles missions.
En gérant les plateformes agréées de leurs clients, les cabinets renforcent leur rôle de conseil numérique incontournable. Ainsi, ils peuvent proposer par la suite des audits de flux, des optimisations, des formations, des outils de pilotage fin de trésorerie.
Vers une transformation durable
La mise en place du mandat PDP n’est pas une tâche ponctuelle : elle s’inscrit dans une transformation durable de l’écosystème comptable. Ainsi, les cabinets qui réussiront seront ceux qui accompagnent leurs clients de façon continue, qui adaptent leurs outils, qui cultivent la réactivité et qui anticipent les ruptures technologiques.
Par ailleurs, la mutualisation des PDP via des partenariats ou des choix communs permet de créer des économies d’échelle, des synergies et une valeur ajoutée renforcée pour tous.
Conclusion
Le mandat de délégation PDP constitue un élément central de la réforme de la facturation électronique. En autorisant un tiers — typiquement l’expert-comptable — à choisir et gérer la plateforme agréée pour le compte du client, le mandat joue un rôle clé pour garantir la cohérence, la conformité et l’efficacité opérationnelle.
Pour les cabinets, c’est un levier stratégique qui leur permet de structurer leur offre numérique, de renforcer la relation client et de capter de nouvelles missions à valeur ajoutée. Cependant, la mise en œuvre de ce mandat exige rigueur, anticipation, pédagogie et structuration interne.
Avec les échéances 2026 et 2027 qui approchent, les cabinets doivent se mobiliser dès maintenant pour préparer les mandats, sensibiliser les clients, choisir les plateformes agréées appropriées et mettre en place les outils de suivi. En agissant aujourd’hui, ils garantissent une transition sereine pour leurs clients et préservent leur position d’acteur incontournable de la transformation digitale comptable.
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